Assemblée nationale : Le SNA et l’UNAF auditionnés
Souveraineté alimentaire de la France
Commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la France

 

Selon la mission d’information de 2021 sur l’autonomie alimentaire de la France et au sein de ses territoires, au niveau mondial, la France est passée du deuxième rang des pays exportateurs derrière les États-Unis au début des années 2000, au sixième en 2015. Elle s’est fait successivement dépasser par les Pays-Bas, l’Allemagne et le Brésil.
Au niveau européen, elle n’est plus qu’à la troisième place. La France a perdu 22 % de parts de marché en dix ans, alors que les autres pays européens n’ont perdu en moyenne que 5 %.
Une commission d’enquête a été créée par la Conférence des présidents du 5 mars 2024 au titre du droit de tirage exercé par le groupe Rassemblement national en application de l’article 141 du règlement de l’Assemblée nationale. La commission d’enquête a pour ambition d’ « analyser en profondeur les causes et fondements de la succession des choix politiques posés depuis vingt ans ayant progressivement désagrégé les
filières agricoles françaises ».
Elle devrait présenter ses conclusions dans le courant du mois de juillet 2024.
La proposition de résolution définit la souveraineté alimentaire comme « la capacité d’un État à définir lui‑même une stratégie agricole qui lui permette de déterminer son degré d’autonomie alimentaire pour fournir une alimentation de qualité à sa population, tout en garantissant sa sécurité alimentaire ».
La commission a désigné Charles SITZENSTUHL (RE, Bas-Rhin) Président, et Grégoire de FOURNAS (RN, Gironde)
Rapporteur. C’est dans ce cadre que le Président de la commission d’enquête a souhaité entendre le 16 avril dernier les témoignages sous serment de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture (SNA) ainsi que celui de l’UNAF représentée par Roderick WHEATHLEY, Administrateur.

Durant une heure trente, les deux représentants des syndicats apicoles nationaux majoritaires ont défendu les intérêts des apiculteurs français en mettant en évidence les importantes distorsions de concurrence avec les pays exportateurs de miel et à faible coût de main d’oeuvre, les fraudes et l’insuffisance de contrôles à l’importation sitôt le passage aux frontières, l’absolue nécessité de ne pas reculer en matière de qualité de
l’environnement, de gestion des pesticides reconnus toxiques pour les abeilles et l’urgence à mettre en oeuvre des mesures de soutien économique permettant de rendre les exploitations apicoles françaises plus compétitives et de vendre leur production à un juste prix rémunérateur, ainsi que la mise en place de quotas, ou de taxes à l’importation plus dissuasives.
En complément de ces premiers éléments, Frank ALÉTRU a réclamé :
• la détaxe du gasoil routier pour les apiculteurs dont le budget carburant ne fait que croître en raison de l’inflation du cours du pétrole et du fait que la transhumance devient une nécessité dans de nombreuses régions pour maintenir les ruches dans un environnement mellifère ;
• une nouvelle répartition des aides européennes FEAGA gérées par FranceAgrimer, plus équilibrées et plus efficaces pour l’apiculture française en permettant de flécher un budget plus important vers la modernisation des exploitations et en augmentant le taux de subvention à 60 % pour ces investissements;
• des moyens financiers plus importants dédiés à la recherche pour trouver une façon de mettre un terme à l’expansion du frelon asiatique, ainsi que pour la recherche de nouvelles méthodes de lutte contre le Varroa destructor.
Cette audition a été ouverte à la presse et fera l’objet d’un compte rendu.
Sa captation vidéo a été retransmise en direct et est disponible en différé sur le site de l’Assemblée nationale : https://videos.assemblee-nationale.fr/video.15047554_661e6dc515a43.perte-de-souverainete-alimentaire-de-la-france–audition-de-representants-du-sna-et-de-l-unaf–m–16-avril-2024