Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Vice-président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)
Activités syndicales brûlantes par un printemps frileux

 

Le printemps que nous venons de traverser dans des conditions météorologiques peu favorables à la miellée et qui poussent les colonies à l’essaimage fera certainement partie des plus frileux et décevants.
En revanche, pour ce qui concerne la vie syndicale, le rythme des réunions a été des plus intensifs et les sujets brûlants sur lesquels il a fallu être présents n’ont pas manqué.
Tout d’abord, dans la continuité des actions syndicales de l’automne et de l’hiver derniers relatives à la crise apicole et au marché du miel, le ministère de l’Agriculture nous a finalement entendu sur un certain nombre de nos revendications concernant notamment la mise en place de mesures d’aides d’urgence aux exploitations apicoles les plus en difficultés. Une enveloppe destinée à la prise en charge des cotisations sociales agricoles va être débloquée, ainsi qu’un budget d’aide directe aux exploitations apicoles qui pourront justifier d’une perte économique d’au moins 30 %. Des échanges ont actuellement lieu pour définir clairement les modalités d’attribution de cette aide. Cependant, nous restons toujours dans l’attente de mesures concrètes permettant de garantir aux apiculteurs qui vendent leur récolte de miel en fût, des prix d’achat plus justes et rémunérateurs ainsi que des mesures réglementant les importations de miel afin de favoriser l’écoulement de la production des miels de France.

Il nous a fallu et il nous faudra encore aussi être très vigilants sur le contenu de la prochaine loi d’orientation agricole pour la souveraineté agricole. En l’état actuel, celui-ci est loin de répondre aux attentes des uns et des autres. Du point de vue environnemental, la répétition dans le texte de l’expression « transition écologique » est fréquente mais les propositions de mesures concrètes sont peu nombreuses et vont engendrer une grave reculade en matière de protection de l’environnement, ruinant les résultats obtenus après vingt années de combat pour la défense des pollinisateurs.
La totalité des ONG environnementales considèrent que le texte présenté ne permettra pas de répondre au double défi de la transition agroécologique, ni celui concernant la souveraineté alimentaire et qu’il va favoriser davantage encore une agriculture intensive destructrice d’emplois et d’écosystèmes. L’allègement des sanctions en cas d’atteinte à l’environnement en est la preuve parfaite. Même le Conseil d’État, dans son avis rendu le 3 avril dernier, considère que certaines dispositions proposées sont « des cadeaux à l’agriculture intensive » et qu’elles mériteraient d’être retirées. Nous restons actifs auprès des députés afin de les alerter sur les réels enjeux et dangers de ce projet de loi.

Les syndicats apicoles majoritaires SNA et UNAF n’ont pas ménagé leurs efforts pour que le projet de loi contre la prolifération des frelons asiatiques soit adopté à l’unanimité par les sénateurs. L’important lobbying mis en place par les syndicats majoritaires parfaitement relayé sur le terrain auprès des sénateurs aura porté ses fruits. Il reste à renouveler cette action auprès de nos députés, chacun de nous peut et doit adresser un courrier à son député pour qu’il soutienne le projet de loi devant l’Assemblée nationale.

Au niveau européen, en plus de la Directive « Miel » qui devrait apporter plus de protection au miel mis en marché, les syndicats apicoles et les ONG n’économisent jamais leurs efforts non plus dans le domaine de la réglementation des pesticides. C’est à la suite d’une série de plaintes déposées par PAN EUROPE en 2019 devant une juridiction néerlandaise pour contester la ré-autorisation des pesticides à base de sulfoxaflor, de difénoconazole et de fludioxonil, que la Cour de justice de l’Union européenne a émis un jugement exemplaire et inédit relatif à l’évaluation des pesticides par les États membres en concluant que celle-ci était illégale car elle ignorait volontairement les avancées scientifiques récentes et privilégiait les études anciennes de plusieurs décennies présentées par les entreprises de l’Agrochimie. Enfin une vaste escroquerie mise au grand jour et sanctionnée.

Le combat syndical, même s’il est long et parfois décourageant, finit par payer. C’est pour cette raison qu’il faut rester unis et inviter tous les nouveaux apiculteurs, et ils sont nombreux, à adhérer aux structures syndicales départementales.

Les 11-12 et 13 octobre prochains se déroulera au parc des expositions de Tours, le deuxième Congrès international d’apiculture et d’apithérapie organisé par le Syndicat national d’apiculture avec le soutien du syndicat des apiculteurs d’Indre-et-Loire. Un vaste hall de 9 000 m2 accueillera les exposants de matériel apicole et les congressistes pourront assister à plus d’une vingtaine de conférences scientifiques pour la plupart inédites. Ce sera l’évènement apicole de l’année à ne pas manquer. Ce congrès, idéalement situé au centre de la France dans une de ses plus belles régions touristiques, sera une destination idéale pour organiser un séjour ou un voyage de groupe.
Nous vous y attendrons très nombreux et, d’ici là, souhaitons que les récoltes de miel soient au rendez-vous elles aussi !